Il est passé par tous les stades de la célébrité : du porno-soft aux figurations coupées au montage, des panouilles à la cérémonie des Oscars, de la gloire à l’oubli, il a tâté de la téléréalité et a même réussi à renaître de ses cendres à l’âge où d’autres préparent leur retraite. Est-ce pour cela qu’envers et contre tout, on aime toujours Sylvester Stallone ? Acteur limité ne serait-ce que par son physique, sa diction pâteuse, son regard éteint, il demeure étonnamment attachant malgré les navets, le ridicule qui le guette souvent.
À ses débuts, on l’aperçoit dans de petits rôles : un agresseur de petites vieilles dans « BANANAS », un soi-disant pickpocket dans « LE PRISONNIER DE LA SECONDE AVENUE », le voyou chaud-lapin de « ADIEU MA JOLIE », Frank Nitti dans « CAPONE », le concurrent vicieux dans « LES SEIGNEURS DE LA ROUTE », le glandeur abruti dans « LES MAINS DANS LES POCHES ». Il tient la vedette de la série B « REBEL » dans un rôle de terroriste hippie.
Le succès vient du jour au lendemain, avec « ROCKY » qu’il écrit et interprète lui-même, dans un rôle de boxeur analphabète retrouvant sa dignité. Stallone manage sa carrière en réalisant une partie de ses véhicules : « LA TAVERNE DE L’ENFER » où il joue un magouilleur des rues, ainsi que trois « ROCKY » où son rôle évolue de façon intéressante, en fonction de la vie privée de son créateur.
‘Sly’ connaît des échecs dans ses rôles moins stéréotypés, tel le syndicaliste à la Hoffa dans « F.I.S.T. », le taxi apprenti chanteur de « RHINESTONE », le footballeur de « À NOUS LA VICTOIRE ! », le flic barbu dans « LES FAUCONS DE LA NUIT ». Il ne retrouve le vrai succès populaire que dans « RAMBO » en ex-béret vert désorienté, mais véritable bête de guerre qu’il ridiculise dans des sequels « RAMBO 2 : LA MISSION » et « RAMBO 3 », transformant le personnage en une invincible montagne de muscles huilés, capable d’anéantir des armées à lui seul. La trilogie deviendra une sorte de symbole caricatural des « années Reagan », le président ayant même cité le héros dans un discours.
Sly perd de sa crédibilité : il est grotesque en superflic en cache-poussière dans « COBRA », en innocent jeté au bagne dans « HAUTE SÉCURITÉ », en champion de « BRAS-DE-FER » et s’essaie à la comédie : il est affligeant en flic intello (il porte des lunettes, c’est dire !) dans « TANGO & CASH », mais amuse en caïd repenti dans « L’EMBROUILLE EST DANS LE SAC » et en inspecteur flanqué d’une môman pénible dans « ARRÊTE OU MA MÈRE VA TIRER ! » où il vaut mieux malgré tout, que les films eux-mêmes.
Le succès de « CLIFFHANGER » où il est un guide de montagne traumatisé, le remet en selle. On le retrouve en flic du futur dans « DÉMOLITION MAN » où il est drôle dans l’humour pince-sans-rire, puis dans le rôle-titre de « JUGE DREDD », en roi des explosifs dans « L’EXPERT », en sauveteur dans « DAYLIGHT ».
C'est dans le sous-estimé « ASSASSINS » que Stallone dans un rôle de tueur à gages solitaire, retrouve enfin la recette du charisme cool de ses modèles des sixties, tel Steve McQueen. En ‘97, il crée la surprise en prenant quinze kilos pour camper un flic de province mollasson et à moitié sourd dans « COP LAND » où il tient tête à Keitel et De Niro.
Après une surprenante éclipse, Sly revient en champion de formule 1 dans l’affligeant « DRIVEN » (dont il signe également le scénario), « COMPTE À REBOURS MORTEL » en flic du FBI dépressif et en malfrat barbichu cherchant à venger son frère dans le triste remake U.S. de « GET CARTER ». Il joue le ‘villain’ démultiplié de « SPY KIDS 3 », le champion de poker légendaire dans « LES MAÎTRES DU JEU ».
À noter qu’il apparaît le temps d’un clin d'œil non-mentionné au générique du film français « TAXI 3 ». Stallone tient également son propre rôle dans « BURN HOLLYWOOD, BURN ».
Quelques années plus tard il ressuscite ses personnages-fétiche dans « ROCKY BALBOA » et « JOHN RAMBO » qu'il réalise lui-même à plus de 60 ans, et redore son blason, en signant des films étonnamment intéressants. Il confirme l’essai avec la nouvelle ‘franchise’ « THE EXPENDABLES » réunissant sous sa houlette tous les ‘tough guys’ des années 80 pour jouer des mercenaires durs-à-cuire.
À la TV, on le voit à ses débuts en patrouilleur dans « KOJAK », en malfrat dans « POLICE STORY » et dans une apparition clin d’œil dans un « DREAM ON ». Plus récemment, il fait une apparition dans la série "LAS VEGAS".