Parfois les titres français ont beau être nuls, ils sont d’une franchise désarmante. Ainsi, « L’INÉVITABLE CATASTROPHE » donne-t-il du film une bien meilleure idée que « L’ESSAIM » de la v.o.
Quatre ans après son triomphe dans « LA TOUR INFERNALE », le producteur Irwin Allen cherche un nouveau sujet pour une superproduction à effets spéciaux. Et que trouve-t-il, le bougre ? Un gros essaim d’abeilles africaines déterminées à en découdre avec les bons habitants du Texas.
Pour le scénario, pas de souci : on prend celui des « OISEAUX » d’Hitchcock, qu’on mixe avec un charabia pseudo-scientifique, on fait exploser quelques hélicos, on concocte deux ou trois attaques d’insectes au ralenti et ça le fait. Enfin... ça devrait !
Fut un temps où voir réunis dans un même film Henry Fonda, Richard Widmark, Olivia de Havilland, Ben Johnson, Fred McMurray, José Ferrer, Slim Pickens et les plus jeunes (ou moins vieux) Michael Caine, Katharine Ross, Richard Chamberlain, aurait tenu du pur fantasme. Mais en 1978, la moitié de ce « beau linge » avait largement dépassé l’âge de la retraite et venait cachetonner laborieusement dans des décors « high-tech » sortis de « VOYAGE AU FOND DES MERS » et des F/X à s’étouffer de rire.
Il faut – au moins une fois dans sa vie – avoir vu Fonda en prof paraplégique, s’injecter du venin d’abeille et rouler des yeux effarés avant de faire un infarctus. Eh oui ! Même Henry Fonda pouvait être mauvais ! Et profiter de Widmark en militaire borné, visiblement gêné d’apparaître dans un tel film, de Johnson et McMurray se disputant les faveurs de l’ex-Melanie de « AUTANT EN EMPORTE LE VENT » et bien sûr de l’imperturbable Caine qui parvient à garder un semblant de dignité dans un rôle d’entomologiste héroïque.
« Vous êtes Anglais ? », lui demande Widmark lors de leur rencontre. « Américain », répond absurdement Caine, « Depuis huit ans ».
Faire peur avec un requin-tueur, c'est chose aisée. Effrayer avec des oiseaux demande un certain savoir-faire, mais terroriser avec des abeilles nécessite un génie que les producteurs de « L’INÉVITABLE CATASTROPHE » n’ont pas. Du tout, même !
C'est le genre de film à voir entre amis, histoire de rire un bon coup, d’autant que le DVD comprend la version longue de 2 H 35 (vous avez bien lu), alors que le film durait plus raisonnablement 1 H 56 à sa sortie en salles.
Le film-catastrophe première période, ne s’est jamais vraiment remis de ce naufrage. Doit-on le regretter ?