Et si « UN PLAN SIMPLE » était le meilleur film de Sam Raimi ?
La filiation avec le cinéma des frères Coen (complices de longue date du réalisateur) est évidente. On retrouve l’ambiance enneigée de « FARGO », l'humour en moins, l'émotion en plus. Des images comme ces omniprésents corbeaux noirs se détachant des paysages immaculés, symboles de la mort qui rôde, sont obsédantes. Ici, c'est un gros sac de dollars qui fait tout imploser : la cellule familiale, la fratrie, l’amitié, l’humanité. Comment de braves gens sans histoire deviennent des monstres en un clin d’œil.
Bill Paxton et Billy Bob Thornton, déjà partenaires dans le remarquable « ONE FALSE MOVE » (scénarisé par le second), sont magnifiques. Surtout Thornton qui s'est façonné une tête d'abruti pathétique, de laissé-pour-compte, de brave type lent d'esprit sans jamais céder à la caricature. Une sorte de continuation du demeuré bouleversant de son sublime « SLING BLADE ». Bridget Fonda tire le maximum d'un rôle ingrat de femme douce, métamorphosée par l'appât du gain. Dans certains gros-plans, elle en devient carrément hideuse. Du grand art. Au fait, que devient-elle, Bridget ?
« UN PLAN SIMPLE » est totalement maîtrisé, depuis son scénario plein de chausse-trappes jusqu'à la direction d’acteurs, mais ne cède à aucun effet racoleur. La mise en scène est invisible, les cadrages sont subtilement oppressants. Même Danny Elfman s'est fendu d'une BO qui ne ressemble pas à du Elfman recyclé.
En somme, « SPIDER-MAN » c'est très bien, ça rapporte des tonnes de dollars, mais il est heureux que de temps à autres, Raimi revienne à des œuvres personnelles comme ce film noir se passant dans le blanc, ou le marquant « INTUITIONS ».