Des films sur l’IRA, on en a vu beaucoup. Des sérieux, des thrillers à l’américaine, des quasi-documentaires, des « films d’auteur », le thème a été traité à toutes les sauces.
« SHADOW DANCER » ne révolutionne rien et provoque d’emblée une certaine lassitude : on a déjà vu bien des fois ces décors lugubres, ces pubs enfumés, ces personnages ambigus. Qu’a-t-il de neuf pour éveiller l’attention émoussée ? À vrai dire, pas grand-chose. La photo désaturée est tristounette, le rythme inutilement lent, les personnages s’avèrent tellement opaques qu'ils en deviennent fantomatiques.
À bien y regarder, si on suit le film avec un relatif intérêt, c'est d’abord pour la jeune et étrange Andrea Riseborough, dont l’intériorité et la maturité de jeu impressionnent. Dans ce personnage fermé à double-tour sur lui-même, dévasté par la culpabilité, fort et friable, elle fait preuve d’une présence épatante et justifie toute l’entreprise. Face à elle, le fiable Clive Owen adopte un sous-jeu payant à la longue, mais guère palpitant. Et on déplore une fois de plus que Gillian Anderson en soit réduite à jouer les utilités dans un petit rôle sans le moindre gros-plan.
Quelques séquences surnagent comme l’arrestation de ‘Collette’ ou la presque exécution dans une cave par ses propres frères d’armes, la fin surprend vraiment par sa dureté implacable. Mais « SHADOW DANCER » laisse sur une sensation mitigée de déjà-vu (pour reprendre l’expression de nos amis anglo-saxons) et de sinistrose.