Le flash-back chez Sergio Leone fait partie intégrante du récit. Il apparaît d’abord en filigrane, de façon quasi-abstraite, pour arriver en surface et provoquer l’affrontement final. Une lente remontée avec paliers de décompression jusqu'à l’arrivée à l’air libre et la mort annoncée d’un des protagonistes.
Dans « POUR UNE POIGNÉE DE DOLLARS », le flash-back est verbal. « Joe » évoque brièvement son passé à Marianne Koch, expliquant qu'il a connu quelqu’un comme elle, jadis. Embryonnaire.
Dès « …ET POUR QUELQUES DOLLARS DE PLUS » le système Leone se met en place. Sous l’emprise de la marijuana, El Indio revoit une jeune femme qu'il tenta de violer, après avoir abattu son fiancé, et qui se suicida dans ses bras. Il lui a volé une montre à gousset qu'il contemple parfois, dans un nuage rouge de semi-conscience. Le flash-back est évolutif et finit par être partagé par un autre : le frère de la fille, lors du duel.
« LE BON, LA BRUTE, LE TRUAND » est exempt de flash-back. La rencontre entre Tuco et son frère Pablo au monastère en fait office. Un voile se lève sur le passé d’un des trois protagonistes, mais au présent. Et cela passe par le verbe.
« IL ÉTAIT UNE FOIS DANS L’OUEST » est un modèle de flash-back. D’une image d’abord complètement floue, au ralenti, qui émerge de la mémoire de Harmonica, on commence de séquence en séquence à distinguer une silhouette d’homme avançant vers la caméra. Et tout devient net, terriblement net pendant le duel. Expliquant tout… Et ouvrant des portes sur de nouvelles questions.
Dans « IL ÉTAIT UNE FOIS… LA RÉVOLUTION », le flash-back de Sean Mallory est à la fois symbolique (la fille qu'il se partage avec son meilleur ami, et qui ressemble à l’Irlande) et narratif, et chargé de culpabilité : Sean a exécuté cet ami parce qu'il avait trahi sous la torture. Un geste qui le hantera à jamais, l’a poussé à l’exil et a blanchi ses cheveux avant l’âge. Au moment de mourir, Sean visualise peut-être son image du Paradis : une course joyeuse dans la verte Eire, où il retrouverait son compagnon en même temps que leurs idéaux dans toute leur pureté.
L’apothéose arrive avec « IL ÉTAIT UNE FOIS EN AMÉRIQUE », qui n’est qu’un enchaînement de flash-backs, un maelström de souvenirs, de fantasmes, de rêves de drogue (l’opium de Noodles remplaçant la marijuana de l’Indio), qui fait perdre jusqu'à la notion de temps présent.