Commencé par le grand Robert Aldrich, achevé par le moins grand Vincent Sherman, « RACKET DANS LA COUTURE » (déjà, le titre français incite à la méfiance !) se voudrait une sorte de « SUR LES QUAIS » relocalisé dans le monde de la confection. Mais là où le film d’Elia Kazan se complaisait dans l'ambiguïté morale, celui-ci se vautre dans le manichéisme et la caricature.
Les racketteurs sont extrêmement méchants, les syndicalistes extrêmement héroïques et les patrons – les pauvres – sont naïfs et crédules. Quant aux ouvriers, ils se contentent de râler.
Le choix du fade Kerwin Mathews (qui fut un des multiples OSS117 en France) dans le rôle du fils au cœur pur, n'arrange rien. On reconnaît, ou on croit reconnaître par instants le style d’Aldrich dans certains cadrages à effets ou dans le choix de quelques acteurs de second plan, mais tout cela est d'une mollesse terrible et les excellents interprètes sont mal utilisés : Lee J. Cobb, autre lien avec le classique de Kazan, joue un boss gueulard mais brave type au fond, Richard Boone est bêtement gaspillé en gangster menaçant et brutal, l’excellent Joseph Wiseman joue un de ces rôles troubles dont il a le secret et Robert Loggia est un syndicaliste prêt à tous les sacrifices. Les rôles féminins sont tous idiots et mal écrits. Dommage pour la sensuelle comédienne italienne Gia Scala…
« RACKET DANS LA COUTURE » est un film simpliste, désuet, qui n'offre pas grand chose à se mettre sous la dent. De toute façon, l'univers de la couture, quoiqu'on fasse, n'aura jamais l'impact dramatique des docks. Donc, même pour l’admirateur compulsif, le ‘completist’ le plus acharné de l’œuvre de Robert Aldrich, le film n’est pas indispensable.