Agacé par une journaliste qui l’a attaqué dans un article, le pilote de course Clark Gable lui balance une baffe bien sentie, puis il la prend vigoureusement dans ses bras et lui roule d’autorité un patin : « Pour moi, vous n’êtes qu’une gonzesse comme les autres », lâche-t-il en partant. Elle en reste toute chose !
Un peu plus tard, complètement énamourée, Barbara Stanwyck – car c'est d'elle qu'il s’agit – dîne avec lui au restaurant et lui dit : « Vous êtes un sacré type ! ». Tout à fait conscient de l’être, Gable ne cherche pas à le nier et lui adresse un clin d’œil complice. Oui, « POUR PLAIRE À SA BELLE » est une sorte de monument filmique au mâle américain des fifties : un macho pratiquant un sport à haut-risque, fumant clope sur clope et draguant toutes les filles à sa portée. Le jeu kistchissime de Gable finit de rendre le film aussi ridicule que délectable au 30ème degré : il faut l’avoir vu jouer du sourcil, plisser un œil (un seul, c'est plus viril) et sourire de contentement de lui-même. Face à lui, Miss Stanwyck retrouve son emploi de reporter sans scrupule de « L'HOMME DE LA RUE » et – handicapée par une coiffure particulièrement disgracieuse – a du mal à exister face à son partenaire beaucoup plus avantagé par le montage, entre deux séquences de courses automobiles sans doute excitantes il y a 60 ans, mais qui prêtent aujourd'hui à sourire.
Rien à sauver alors, de cette œuvrette désuète écrite comme un roman-photo ? À la rigueur une séquence où il vient la voir chez elle par surprise et lui parle au téléphone, depuis le vestibule. Elle le croit à Indianapolis et ferme les yeux en imaginant qu'il l’embrasse… L’expression du visage de Stanwyck quand il lui donne réellement le baiser vaut presque à elle seule qu’on s’inflige le film. Presque…