« PAROLE D’HOMME » est une importante production anglaise, qui tente de raviver la flamme de vieux films d’aventures africaines du style « LES MINES DU ROI SALOMON » ou « AFRICAN QUEEN ». Les moyens se voient à l’écran, mais la technique est hasardeuse (emploi systématique du zoom très agaçant) et le scénario est complètement bancal.
Le film débute comme une vieille BD colonialiste : on peut même s’imaginer que Roger Moore joue une sorte de Tintin british et Lee Marvin un capitaine Haddock braconnier. La plupart des gags sont lourds et primaires, mais le film suit son bonhomme de chemin jusqu'à ce que tout bascule avec la mort d’un bébé qui change le ton du film du tout au tout. Une violence plus graphique s’installe alors (même si les plans ‘gore’ ont été coupés dans les versions circulant en DVD) et l’humour disparaît totalement. Gagne-t-on au change ? Un peu, car Marvin est bien obligé de moins cabotiner.
Le duo d’acteur fonctionne mal : pas du tout dirigé, l’Américain surjoue à fond, roulant des yeux, tirant la langue, montrant les dents. Encore pire que dans « LA KERMESSE DE L’OUEST » ! C'est dommage, car on le retrouve un peu vers la fin du film, surtout dans sa dernière séquence. Quant à Moore, un peu plus dégourdi que d’habitude, il n’a vraiment rien d’un homme d’action et semble avoir quinze ans de trop pour son rôle. Ian Holm est amusant en serviteur arabe muet et fidèle de Marvin.
On sait que « PAROLE D’HOMME » fut sévèrement mutilé par son producteur et cela se ressent dans quelques ellipses vraiment raides et des changements de ton abrupts. Malgré cela, il est clair que même agrémenté d’une demi-heure supplémentaire, le film ne sera jamais un chef-d’œuvre.
On préfèrera toujours le masque impassible du Lee Marvin du « POINT DE NON-RETOUR » aux numéros de claquettes épuisants de « CAT BALLOU » et quelques autres faux-pas. Comme le présent film…
À NOTER : un massacre d’éléphants (qui ne semble pas simulé) assez choquant vu aujourd'hui, même si la scène est jouée dans la bonne humeur générale, comme une partie de cricket. O tempora, o mores !