« NO LIMIT » (oui, c'est le titre « français » !) explore une thématique qui a hanté les huit saisons de la série TV « 24 HEURES CHRONO », à savoir la justification de la torture dans les cas extrêmes. Quand des millions de vies sont en jeu, a-t-on le droit et/ou le devoir d’oublier ses principes, son humanité, pour arracher à un suspect des informations vitales ? Vaste question, intelligemment développée dans « NO LIMIT » dont le titre original « IMPENSABLE » est tout aussi explicite. Dans certains cas, la fin justifie-t-elle les moyens ?
Le scénario est extrêmement ambigu, semble ne pas prendre parti et laisse le spectateur seul juge. Face à la barbarie et la terreur, symbolisée par un citoyen américain devenu poseur de bombes islamiste, le gouvernement n’a qu’une arme : un bourreau professionnel, un sadique assermenté apparemment encore plus radical que le terroriste dont il va faire de la chair à pâté.
Entre les deux hommes, une femme, un agent du FBI qui garde quelques sentiments humains et hésite à aller jusqu'au bout de l’horreur. Quand le tortionnaire dépasse les bornes, elle interviendra. A-t-elle eu raison ? L’épilogue du film laisse sur un malaise extrêmement perturbant.
« NO LIMIT » est un huis clos bien mené, assez platement filmé, mais qui a le mérite de ne rien enjoliver. Le scénario ne souffre d’aucune digression et oblige à s’interroger soi-même sur des questions qui mettent mal à l'aise. C'est la force du film et sa limite. Car il laisse sur le sentiment d’une thèse puissamment développée mais a du mal à s’incarner réellement.
Samuel L. Jackson, qui a pris un petit coup de vieux, est égal à lui-même dans le rôle du bourreau jusqu'auboutiste. Carrie-Ann Moss est d’une belle sobriété. Mais c'est Michael Sheen, absolument méconnaissable qui emporte le morceau dans le rôle du prisonnier. Il est électrisant.
À voir dans une soirée thématique sur la torture avec « L’AVEU », « L’INSPECTEUR HARRY », certains épisodes de « THE SHIELD » ou « UN CRIME DANS LA TÊTE ». Mais franchement, une telle soirée ne serait-elle pas une véritable torture ?