Après deux premières saisons éblouissantes, la série « MAD MEN » démarre plutôt doucement pour sa 3ème édition. Les enjeux semblent plus faibles, les drames personnels passent à l’arrière-plan, le suspense se concentre sur le business, les carrières respectives des personnages.
Tout cela reste brillant mais curieusement moins captivant. Jusqu'au moment où survient l’assassinat de JFK et où on comprend où les auteurs voulaient en venir : le calme avant la tempête.
À partir de là, cette saison se révèle pour ce qu'elle est. Celle où les masques tombent. Le masque d’une Amérique aseptisée et victorieuse d’abord, celle de l’après-guerre, qui vole en éclats à Dallas. Puis ceux des protagonistes rattrapés par leur passé et leurs actions. Don Draper littéralement encerclé de toutes parts, qui voit son univers se dérober sous ses pieds, donnant toute sa mesure au magnifique générique de la série. Sa relation malsaine avec Conrad Hilton est formidablement bien menée. Draper le manipulateur froid trouve son maître en ce père qui dévore ses petits. Le réalisateur de pubs homo exposé à la face du monde puritain des sixties, la secrétaire ambitieuse qui pensait s’être « bien mariée » et découvre le vrai visage de son époux ‘All American’, etc.
Impossible de n’être pas fasciné par cette série qui mérite d'ailleurs mieux que cette appellation, puisqu’elle est plutôt un très long film de dix heures taillé en tranches. Chaque individu possède plusieurs facettes, chacun a droit à la rédemption, même s’il ne saisit pas toujours sa chance. Et quand on s’y attend le moins, le cynisme laisse brutalement place à une émotion brute, comme dans la séquence de confession de Don à sa femme. Du très grand art.