Sur le papier, « LES HOMMES DE LAS VEGAS » avait tout pour plaire : copro franco-hispano-italienne, c'est un ‘caper’ à la mode des sixties qui réunit un cast des plus hétéroclites : les vétérans du film noir à la française Jean Servais (en clin d’œil à « DU RIFIFI CHEZ LES HOMMES »), Georges Géret (en braqueur gay !), Armand Mestral et Roger Hanin (en parrain de Vegas !), une pin-up internationale : Elke Sommer, deux grandes gueules américaines : Lee J. Cobb et Jack Palance et un jeune premier à la mode : Gary Lockwood, l’astronaute de « 2001, L’ODYSSÉE DE L’ESPACE ».
La première heure séduit par ses côtés ultra-kitsch, ses grosses bagnoles, son goût du ‘high-tech’ (ah ! l’informatique de 1968 !), sa BO qu’on dirait piquée dans un vieux De Funès et ses acteurs multinationaux (mal) doublés en anglais. C'est une fête du second degré. Et puis, une fois le braquage de fourgon consommé, reste tout de même une heure à tuer. Le camion est enterré dans le sable du désert pendant que tout le monde le recherche au-dessus, mais hélas, le film tout entier s’est enlisé avec lui. Il ne se passe rigoureusement plus rien, hormis des va-et-vient, des dialogues poussifs dans des bureaux, même les fusillades ne parviennent pas à maintenir éveillé. La faute certainement à un manque total de caractérisation des protagonistes dont aucun ne suscite l’intérêt ou l’empathie. Même Palance, tout surpris de se trouver du bon côté de la loi, est complètement transparent en flic des assurances. Cobb grimace beaucoup en méchant capitaliste et leurs deux ou trois face à faces sont d’une fadeur déconcertante. Réunir deux des plus grands cabotins du cinéma U.S. pour leur demander… ça ?
« LES HOMMES DE LAS VEGAS » est donc un film de copiste, pompant allègrement dans « L’INCONNU DE LAS VEGAS » et les célèbres ‘capers’ anglais de l’époque, sans en avoir le clinquant et l’ironie. Ce ne sont pourtant pas les moyens qui ont manqué, apparemment. Juste l’inspiration.