L’idée de refaire « LE LIMIER » de Mankiewicz 35 ans plus tard, en offrant à Michael Caine, qui jouait alors l’amant, le rôle du vieux mari trompé, n’était pas mauvaise en soi. L’idée de faire adapter la pièce par Harold Pinter semblait tout aussi judicieuse. Mais dès les premières images, on commence à se dire qu'il aurait peut-être fallu un Joseph Losey à la caméra.
Réalisateur discutable, Kenneth Branagh surcharge son film de décors conceptuels, de cadrages inutilement biscornus (filmant le bas du corps de ses acteurs, ou à travers un verre à champagne, ou en plongée), et ne cherche jamais à aérer la pièce. De fait, son film n’est rien d’autre que du théâtre filmé, dont l’intérêt se dilue très rapidement dans le bavardage et les effets de surprise ratés (la longue séquence du flic, totalement à côté de la plaque).
Si dans le film de ’72 Caine et Olivier jouaient d’égal à égal, dans celui-ci, le gentil Jude Law est écrabouillé par son aîné. Inégal et dénué de toute ambiguïté, le jeune comédien accapare trop souvent l’écran pour un piètre résultat. Caine lui, impérial, s’ennuie poliment, mais a quelques instants de fulgurance. L’orientation choisie par Pinter, d’accentuer le sous-texte homosexuel, n’apporte pas grand-chose par rapport à la pièce de Schaffer, et si ce « LIMIER » fait une heure de moins que celui de Mankiewicz, il semble beaucoup plus long.
À noter qu’après « ALFIE », c'est la seconde fois que Jude Law reprend un rôle créé par Michael Caine. Et que c'est aussi la seconde fois que Caine apparaît dans le remake d’un de ses propres films après « GET CARTER ». Et les deux fois, sans améliorer le score...