Précédant de sept ans l'iconoclaste « M*A*S*H* » d’Altman, « LE COMBAT DU CAPITAINE NEWMAN » en porte déjà les germes irrévérencieux. Situé dans un hôpital militaire, dans la section psychiatrique pendant la WW2, le film parvient à créer un équilibre aussi précaire qu’improbable entre le drame humain et la grosse comédie burlesque. Sans jamais complètement céder à l’un ou à l’autre. C'est déjà sensible dans le casting qui oppose un Gregory Peck raide et digne comme à son habitude, à un Tony Curtis hilarant en infirmier surdoué et débrouillard : on dirait qu'ils font chacun leur film de leur côté et se croisent de temps en temps !
Le scénario est un peu construit comme un film à sketches, étudiant plusieurs cas successivement. Tous ne sont pas du même calibre. Ainsi si Eddie Albert est épatant en colonel rongé par le remords qui dédouble sa personnalité, Bobby Darrin – sorte de Coluche yankee – est insupportable de cabotinage éhonté et vampirise une bonne partie du métrage. Robert Duvall (qui sera aussi du Altman, tiens…) est déjà égal à lui-même en jeune officier catatonique, enfermé dans sa honte et Angie Dickinson n’a pas grand-chose à faire dans un personnage très convenu d’infirmière sexy, véritable madonne des HP.
En fait, cela ressemblerait presque à un pilote de série TV. On imagine très bien un cas à résoudre chaque semaine pour le bon capitaine Newman, car l’humour n’est pas très éloigné de certaines sitcoms de l’époque. C'est d'ailleurs ce qui ressort le mieux du film aujourd'hui, car les séquences « sérieuses » paraissent naïves et schématiques, réduisant la psychothérapie à une bonne dose de penthotal, une grosse crise de larmes et basta !
Très bien photographié par Russell Metty, « LE COMBAT DU CAPITAINE NEWMAN » quoique très daté, se laisse tout de même regarder sans déplaisir, surtout grâce à un Curtis absolument déchaîné : le numéro de danse en yiddish lors de la fête de Noël à la fin, est un pur régal !