Précédé d'une mauvaise réputation de série B d'horreur sur laquelle Oliver Stone se fit la main (sans jeu de mots) en attendant des jours meilleurs, « LA MAIN DU CAUCHEMAR » vaut mieux que cela. S’il n'a rien d'un chef-d'œuvre oublié, il est une vraie tentative de film de terreur psychologique, une étude assez poussée de la schizophrénie. En fouillant un peu, on pourrait même voir dans l'histoire de ce rescapé, la métaphore d'un survivant du Vietnam incapable de se réinsérer dans la vie quotidienne et se réfugiant dans le phantasme.
Impossible malgré tout, de deviner la griffe du futur réalisateur de « JFK », car c'est tourné comme un téléfilm de l'époque, sans aucun style (si ce n'est quelques plans noir & blanc annonçant ses recherches futures), mais on reconnaît la parano de Stone dans le portrait très crédible de ce dessinateur mutilé qui sombre peu à peu dans la démence la plus totale.
Très éloigné de ses emplois habituels, y compris dans son aspect physique, Michael Caine est surprenant dans sa (dé)composition et il fait carrément peur dans la dernière partie, hirsute et bestial. Il faudra attendre l’excellent « BLOOD & WINE » pour le retrouver aussi inquiétant. L'acteur porte le film sur les épaules, entouré de seconds rôles fadasses.
Œuvre de commande, le film n'a rien d'indigne, même s'il manque de maîtrise et de cohérence. La scène de l'accident qui prive Caine de sa main, est brillamment exécutée et tout à fait traumatisante. Et malgré son manque d'ambition, le film a finalement mieux vieilli que certaines œuvres plus estimées de la même période, comme les premiers opus de David Cronenberg par exemple.