Inspiré d’un roman de Somerset Maugham, le sujet de « L’EMPRISE » n'est autre que celui de « LA FEMME ET LE PANTIN », donc rien d'inédit. Mais le traitement visuel surprend dans un film de 1934 : surimpressions, travellings, fondus au flou, « filés » entre les scènes : c'est truffé d'effets pratiquement inédits à l’époque et qui serviront pendant plusieurs décennies.
« L’EMPRISE » est plombé par l'interprétation mièvre et théâtrale de Leslie Howard aussi peu convaincant que possible, mais offre à la très jeune Bette Davis un rôle inoubliable. En serveuse à l'accent cockney, vulgaire, commune, arriviste et sans cœur, elle crève littéralement l'écran et campe son personnage sans lui chercher la moindre rédemption. Il faut l'avoir vue se laisser peloter par un client libidineux. Même sa déchéance ne provoque aucune pitié. La scène où, hystérique, elle injurie Howard et lui balance ses quatre vérités avec une cruauté inouïe (« Quand tu m'embrassais, j'allais me laver la bouche ! »), est époustouflante et lui a sans doute valu sa nomination à l'Oscar. C'est d'ailleurs ce rôle qui l’imposa comme une vedette de premier plan à Hollywood, malgré un physique fort éloigné des canons de l’époque.
À ses côtés, la ravissante et très inconnue Frances Dee, parvient à exister dans un rôle qui est l'exact contraire de celui de Mildred.
« L’EMPRISE » est un film vieillot, mais qui parvient malgré les restrictions d'époque, à décrire une passion sensuelle, malsaine et destructrice, avec une belle franchise. Entre Philip et Mildred, pas question d'amour, ni même d'amitié, mais de « servitude humaine », comme l’annonce le titre original.
À NOTER : le film, sorti un peu partout dans le monde, n’a manifestement jamais été restauré et ne propose que des copies en mauvais état, ne rendant pas justice à la qualité visuelle de « L’EMPRISE ».