Acteur intelligent au jeu toujours contenu, William Holden avait à ses débuts un physique de jeune premier, dont il sut se servir avec une certaine ironie. Une vie au grand air et un goût prononcé pour le whisky ont vite fait de façonner ses traits, de creuser des rides profondes, de cerner ses yeux, pour en faire un interprète idéal pour le western.
Holden a toujours refusé l’héroïsme bidon hollywoodien pour plutôt jouer des types banals, détestant la violence ou même la bagarre, un grand frère de James Garner en quelque sorte.
Il est en route pour la Californie dans « ARIZONA », dérobe leur butin à des pilleurs de diligence dans « TEXAS », joue un marshal inquiet dans « LA PEINE DU TALION », un hors-la-loi sympathique dans « LA CHEVAUCHÉE DE L’HONNEUR ». C'est déjà plus mature, qu'il campe l’officier dur à cuire de « FORT BRAVO », il est franchement marqué en médecin militaire dans « LES CAVALIERS » où son face à face avec John Wayne, son exact contraire, fait des étincelles, il joue un marchand de bétail à demi mexicain dans « ALVAREZ KELLY ».
Le changement est brutal avec « LA HORDE SAUVAGE », où Holden trouve le rôle de sa vie : Pike Bishop, leader d’une bande de hors-la-loi ultra-violents. Épaissi, le visage enlaidi par une petite moustache, l’acteur assume formidablement son vieillissement et offre une prestation époustouflante. C'est lui qui prononce de façon inimitable la plus célèbre réplique de l’œuvre de Sam Peckinpah : « If they move, kill’em! ».
On le revoit beaucoup plus aimable dans « DEUX HOMMES DANS L’OUEST », en cowboy usé qui fait route avec un jeune collègue, il est un rancher cherchant à venger sa famille dans « LA POURSUITE SAUVAGE » qui s’inspire vaguement du film de Peckinpah et lui redonne Ernest Borgnine comme partenaire.
Acteur un peu pâle à ses débuts, quoique toujours juste et subtil, William Holden s’est réellement épanoui à l’âge mûr, où il a accompli son meilleur travail.